Anne Sylvestre
BELLE PARENTHÈSE


Ça a tout l'air d'un braconnage.
Ça se surveille au coin d'un bois.
Ça se souvient des paysages
Et tous les parfums d'autrefois.
C'est de l'adolescence en fraude
Qu'on passerait sous le manteau.
C'est de la tendresse en maraude.
C'est rapide comme un couteau

REFRAIN:
Mais l'amour,
Belle parenthèse:
On se fait des nuits en plein jour,
Entre deux portes, entre deux chaises.
On vit l'aventure à rebours.

Ça jongle avec les téléphones.
Ça prend des airs d'agents secrets.
Ça fait son printemps en automne
Et son automne au mois de mai.
Ça vole une heure à la sauvette
Et ça en fait l'éternité.
Ça se bricole des cachettes.
Ça réveillonne à l'heure d'été.

REFRAIN

Ça prend des trains comme on respire.
Ça prend des avions par hasard.
Ça s'écrit pour ne rien se dire.
Ça a des silences bavards.
Ça n'a que des maisons chimères.
Ça a des chambres de brouillard
Et des jardins imaginaires
Pour s'y caresser du regard.

REFRAIN

Ça multiplie les jours de fête.
Ça éparpille les saisons,
Envoie des fleurs à l'aveuglette
Et pleure parfois sans raison.
Ça se méfie des certitudes.
Ça va sur la pointe des pieds.
Ça fait voguer les habitudes
Sur des flottilles de papier.

REFRAIN

Mais l'amour,
Si entre deux chaises,
Vous préférez vivre toujours,
Multiplier les parenthèses,
Il y fait plus beau qu'au grand jour...

Multiplier les parenthèses,
Il y fait plus beau qu'au grand jour.


À la page des textes d'Anne Sylvestre
À la page des textes