Anne Sylvestre
LES AMOURS DE L'ÉTÉ


Les amours qu'on effeuille, feuille,
Les amours de l'été,
Quand z'ont perdu leurs feuilles, feuilles,
On les trouve désenchantés, car l'été,
Car l'été s'en est allé.

Si je vous aimais clair,
Brûlé de soleil et de mer,
Vous aimerais-je en hiver?
Nous étions lisses et chauds,
Vous étiez doux et beau.
Comment serez-vous sous la neige et l'eau?

Si les feuilles ont jauni
Et ce fragile amour aussi,
Où me mettrai-je à l'abri?
Les amours qui ont duré,
Quand même on s'en étonne, étonne.
C'est si bon de s'y réchauffer bien serré,
De s'y encore emmitoufler.

Les amours de l'automne, automne,
Dis, n'en reste-t-il rien?
Et ton corps et le mien,
étrangers vont-ils s'oublier demain?

Les amours que l'on traîne, traîne,
Les amours fatigués,
Quand z'ont perdu leur traîne, traîne,
On les trouve bêtes à pleurer...

S'il passe une saison,
S'il oublie un peu ses raisons,
Il atteindra la moisson
Et l'hiver ni l'été,
La neige ni les blés
N'y pourront jamais, jamais rien changer.

Les amours que l'on aime, n'aime,
Les amours mieux vêtus,
C'est nous deux comme on s'aime, s'aime
Tous les deux. En voilà! En veux-tu?
Mon amour,
En veux-tu? En voilà toujours.


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