Serge Reggiani
PIERROT L'ESBROUFE


Je prends tous mes quartiers d'hiver
Sous le pont Alexandre III
Là, on en a brisé des verres
A vos santés le tsar et moi!...
A la santé de vos pantoufles
De vos étages où l'on étouffe
Et de vos beaux appartements
On m'appelle Pierrot l'esbroufe
On me trouve en aval du Louvres,
J'habite le palais du vent...
Du vent... du vent... du vent...

Pour une taffe, je te dis du Verlaine
Pour un quignon, je te pleure du Rimbaud
Pour quelque fafes, je te repeins la Seine
Pour un canon, je te sacre clodo!...
Tu dis: "Bonjour", ça j'en ai rien à faire!
Tu me souris, je réponds: assieds-toi!
Tu veux parler, alors, tu es mon frère,
Tu veux trinquer, alors tu es le roi!...
Le roi!...

J'ai des copains de toutes races,
Des avatars du "One two two"
Des princes de la populace,
Des faux Corot, de vrais voyous
Et chaque pont a ses coutumes
A ses légendes de bitume,
Comme des chansons de favellas.
Ainsi on dit, pont Notre-Dame,
Que c'est à cause d'une femme
Que Pierrot l'esbroufe en est là...

Pour une taffe, je te dis du Verlaine
Pour un quignon, je te pleure du Rimbaud
Pour quelque fafes, je te repeins la Seine
Pour un canon, je te sacre clodo!...
Tu dis: "Bonjour", ça j'en ai rien à faire!
Tu me souris, je réponds: assieds-toi!
Tu veux parler, alors, tu es mon frère,
Tu veux trinquer, alors tu es le roi!...
Le roi!...


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