Nicolas Peyrac
CHERBOURG


Y'a comme des bateaux qui rentrent
Le coeur sans joie, le corps trop lourd
Bois contre bois se font l'amour
Pour oublier l'indifférence
De cet océan qui s'en fout
De cette Manche qui rigole
Quand ses crêtes deviennent folles
Par force 9 devant Cherbourg

Y'a comme des oiseaux qui volent
Au ras de l'eau presqu'en secret
Ils se racontent leurs nuits folles
Par le travers de Guernesey
Au temps où vous veniez Colombes
Parler un peu du grand amour
Aux hirondelles brunes ou blondes
Qui s'égarent devant Cherbourg, Cherbourg

Sur le quai comme des fleurs
A la mémoire de tous ceux
Qui virent au petit matin
La banquise qui dérivait
Ouvrant au flanc comme une entaille
Il s'appelait le Titanic

Y'a comme des regrets qui viennent
Vous raconter le ruban bleu
Quatre jours presque une semaine
Et quelques embruns dans les yeux

Juste le temps pour la mémoire
De se rappeler Pétersbourg
Quand on était prince du tsar
Et qu'ion embarquait à Cherbourg, Cherbourg

Et là sur le pont des premières
Imaginer pour instant
Qu'on épousera l'héritière
De quelques mines de diamants
Avant que ne monte une prière
De la plage du Titanic

Y'a comme des larmes qui traînent
Au fond des regards des marins
Elles coulent et laissent comme des traces
Creuser des rides dans leurs mains
Et moi j'ai connu des étoiles
Qui s'accrochent à ces avant-hiers
Passent quelques bateaux à voile
Là-bas au large de Cherbourg, Cherbourg


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