Marc Ogeret
LE CONSCRIT
Émile Debraux


La souveraine du Brabant
Prétendait avec hardiesse
Avoir le pied plus élégant
Que le pied de notre princesse.
Pour soutenir ses droits si beaux,
On rangea grâce au ministère
Cent mille hommes sous les drapeaux.

REFRAIN:
Avez-vous jamais vu la guerre?

J'avais à peine 18 ans,
Exempt de chagrin et d'affaires,
Gaiement je consacrais mon temps
A m'amuser, à ne rien faire,
Quand vint une maudite loi
Qui m'envoie au bout de la terre
Batailler pour je ne sais quoi

REFRAIN

J'avais le regard louche et faux
J'avais les jambes non pareilles
On ferma l'oeil sur mes défauts
On me promit monts et merveilles
De moi que rendait tout blafard
Le bruit du canon du tonnerre
On prétendit faire un César

REFRAIN

Ami l'agréable métier
Que le noble métier des armes.
Le diable au fond d'un bénitier
Trouverait, je crois, plus de charme.
Doux navets, tendres haricots,
Bon pain noir, excellente eau claire,
Voilà le festin des héros.

REFRAIN

Au chant de la destruction,
Je trouve besogne nouvelle.
Me plante-t-on de faction,
Ou bien j'y brûle, ou bien j'y gèle.
Je fais prendre un convoi d'argent
Et pour prix de mon ministère,
Mon caporal est fait sergent.

REFRAIN

Cette injustice me frappa,
Je pris la poudre d'escampette.
Par malheur on me rattrapa.
Mon affaire fut bientôt faite.
Ma tête était mal en renom
Et pour la rendre moins légère,
On voulût y loger du plomb.

REFRAIN

Par bonheur, on se culbuta
En l'honneur de nos souveraines.
Mais j'ignore qui l'emporta
Du noble pied de ces deux reines.
Voici les résultats connus,
C'est que nous, juges de l'affaire,
Nous revînmes les pieds tous nus.

REFRAIN


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