Félix Leclerc
OH MON MAÎTRE


La grange était pour tomber, il fallait la remonter
J'ai dit à mon engagé "Allons donc la solider"
J'avais un vieux tas de planches et un cor de clous à tôles
Des marteaux, des haches, des planches, tout mis ça sur ses épaules
Suis embarqué par dessus pour pouvoir guider le chemin
Parce que la pluie tombait drue, l'engagé se plaignait bien

REFRAIN:
Oh! mon maître débarquez donc... dessus moé

Le petit pont de la rivière a cédé dessous son pas
J'ai pu bondir sur le sec, lui est tombé dans le bas
Suis allé chercher des chaînes pour le tirer d'embarras
J'ai repris ma place en selle et en avant le branlebas
L'échelle étant de travers, ça l'empêchait d'avancer
Il avait beaucoup de misère à marcher sur le côté

En haut de la petite montée il voulut se reposer
Alors j'en ai profité pour pouvoir un peu fumer
Mal éteinte mon allumette qui est tombée dans son cou
Lui ai versé sur la tête la bouteille d'eau du retour
Comme nous approchions du but, lui ai dit de galoper
Alors il a fait une chute mais moi je n'ai pas tombé

Arrivés au bord de la grange, j'étais coincé dans les planches
Pas moyen de débarquer malgré ma bonne volonté
A fallu faire un détour d'un mile et demi alentour
Avant de trouver quelqu'un pour nous déprendre un par un
L'habitant n'arrivant pas a démêlé nos quatre bras
Ficella au cable à foin mon engagé par les pieds
Oh! mon maître vous avez fini par débarquer de sus moé


À la page des textes de Félix Lelcerc
À la page des textes