Maxime Le Forestier
LE VIEUX LÉON

G. Brassens


Y'a tout à l'heure
Quinze ans de malheur
Mon vieux Léon
Que tu es parti
Au paradis
De l'accordéon
Parti bon train
Voir si le bastrin-
gue et la java
Avaient gardé
Droit de cité
Chez Jéhovah
Quinze ans bientôt
Que musique au dos
Tu t'en allais
Mener le bal
A l'amical
Des feux follets
En cet asile
Par sainte Cécile
Pardonne-nous
De n'avoir pas
Su faire cas
De ton biniou.

C'est une erreur
Mais les joueurs
D'accordéon
Au grand jamais
On ne les met
Au Panthéon
Mon vieux tu as dû
Te contener du
Champ de navets,
Sans grandes pom-
pee et sans pompons
Et sans ave
Mais les copains
Suivaient le sapin
Le coeur serré
En rigolant
Pour faire semblant
De ne pas pleurer
Et dans nos coeurs
Pauvre joueur
D'accordéon
Il fait ma foi
Beaucoup moins froid
Qu'au Panthéon.

Depuis mon vieux
Qu'au fond des cieux
Tue as fait ton trou
Il a coulé
De l'eau sous les
Ponts de chez nous.
Les bons enfants
De la rue de Van-
ve à la Gaîté
L'un comme l'au-
tre au gré des flots
Furent emportés
Mais aucun d'eux
N'a fait fi de
Son temps jadis
Tous sont restés
Du parti des
Myosotis
Tous ces pierrots
Ont le coeur gros
Mon vieux Léon
En entendant
Le moindre chant
D'accordéon.

Quel temps fait-il
Chez les gentils
De l'au delà
Les musiciens
Ont-ils enfin
Trouvé le la
Et le petit bleu
Est-ce que ça ne le
Rend pas meilleur
D'être servi
Au sein des vi-
gnese du Seigneur
Si de temps en temps
Une dame d'antan
Se laisse embrasser
Sûrement papa
Que tu regrettes pas
D'être passé
Et si le bon Dieu
Aime tant soit peu
L'accordéon
Au firmament
Tu te plais sûrement
Mon vieux Léon.


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