Serge Lama
LE QUINZE JUILLET À CINQ HEURES



Ta voix murmure
Tranquille et sure
Comme un vieux disque qu'on écoute un verre de whisky à la main
Sous la véranda on s'installe
Dans un bruit feutré de sandale
Devant un parterre de fleurs
Le quinze juillet à cinq heures

Le vent s'épuise
Sur la remise
Où mon piano s'endort enfin après une nuit de chagrin
Sous le parasol du feuillage
Le vent feuillette page à page
Le livre de notre bonheur
Le quinze juillet à cinq heures

Dans la maison de Frédérique
Tu as classé quelques bouquins
Tu as disposé quelques fleurs
Cueillies fraîches de ce matin
A ta main une cigarette
Grésille, on mange du melon
Hormis la chanson des frelons
Nous n'avons plus rien dans la tête

Dans la maison de Frédérique
Éblouis comme deux enfants
Tu me parles d'anciens amants
Moi de mes maîtresses d'avant
Tu croques du raisin bien tendre
Des grappes lourdes couleur d'encre
Je ferai du café tout à l'heure
Le quinze juillet à cinq heures

Presque irréelle
Tu es si belle
Entre mes cils tu apparais comme une dame d'y a longtemps
Que j'ai aimée ailleurs peut-être
Il faut que j'écrive une lettre
A un vieil ami qui se meurt
Le quinze juillet à cinq heures

Demain c'est triste
La vie d'artiste
On reprendra la vie d'avant, l'appartement où l'on s'ennuie
On invitera Frédérique
Mes frères, tes soeurs, toute la clique
Il ne restera qu'une odeur
Du quinze juillet à cinq heures


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