Gilbert Laffaille
L'ENCRE NOIRE



Une odeur de café,
De parquet ciré
Et de lait en poudre.
Mes cavaliers font la guerre.
Maman travaille sur sa machine à coudre.
Une histoire, un baiser,
Une petite lumière
Toujours allumée.
Dehors, il pleut, mais c'est si loin dehors.
Tout est doux dans la maison qui dort.
Sur les carreaux, on dirait des routes et des chemins,
Des aiguillages et des trains

Et va la vie,
Va la vie...
Les ballons bleus s'envolent
Comme les années d'écoles,
Les tours du monde en manège
Et les grands oiseaux blancs dans les pays de neige
Et va la vie, va!
Va la vie, va!
S'il ne reste du passé
Qu'un nom de rue presque effacé,
Au crayon tendre ou à l'encre noire,
Tout est gravé dans ma mémoire.

Un amour ingénu,
Une chose inconnue
Dans mon coeur qui bouge.
J'écris la nuit comme en rêve
Et tout ressemble un peu à "L'herbe rouge",
Les amis, les soirées,
Les usines en grève,
Saint-Germain-des-Prés.
Dehors, il pleut mais ce n'est pas de l'eau.
C'est le ciel qui se brise en morceaux.
Sur les carreaux, on dirait des routes et des chemins,
Des aiguillages et des trains

Et va la vie
Va la vie...
Les lilas refleurissent
Et les photos jaunissent,
Pétales séchés dans un livre
Aux couleurs de l'automne, au souvenir de givre
Et va la vie, va!
Va la vie, va!
S'il ne reste du passé
Qu'un nom de rue presque effacé,
Au crayon tendre ou à l'encre noire
Tout est gravé dans ma mémoire
Sur les carreaux on dirait des routes et des chemins
Des aiguillages et des trains.


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