Michel Jonasz
LE TEMPS PASSÉ



Il s'est
Glissé dans nos pensées et à notre insu.
A travers ces jours traversés, l'idée reçue
Qu'en s'éloignant petit à petit de notre enfance,
Les corps vieillissent,
Les coeurs se ferment
Et que l'on échappera jamais à la déchéance,
Que l'on n'y peut rien,
On part battu,
Qu'il n'y a pas d'autre alternative, pas
D'autre issue
Et qu'en nous jetant tête baissée sous son pardessus,
Le temps passé n'est pas passé inaperçu.

On s'est aimé, coeurs enlacés, dessous, dessus.
Comment ces doutes ont commencé? Nul ne l'a su.
On s'est regardé autrement et on a eu peur
Que l'ombre grandisse,
Que le coeur se ferme
Et que la peau puisse perdre un jour de sa douceur
Mais tout ça ne vaut rien,
Tout ça n'est plus
Et si l'on meurt, c'est à cause de l'idée reçue
Qu'en jetant sur le feu sacré son pardessus,
Le temps passé n'est pas passé inaperçu,
Le temps passé n'est pas passé inaperçu.


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