Guérilla
LES BARBARES

Michelle Loslier


Ils étaient tout un bataillon aux portes de l'institution
Ce matin-là du 30 novembre le soleil bas à l'horizon
Mais ils y avaient tous tenu, ils avaient tous vraiment voulu
De leurs propres oreilles entendre le son du gong au moment venu
Ils s'étaient tous exaltés à imaginer la peur, la terreur
Du salaud dans les heures et les secondes
Avant qu'il ne tombe, victime de l'hécatombe
Avant qu'il ne sombre à jamais dans l'ombre
Encore un peu de rancoeur qui bouillonne cependant, chez ces dégénérés
La mort avait été trop bonne pour ce déchet de l'humanité
Alors ils gueulent pour le retour du fouet et des bourreaux qui
zigouillaient
Pour le retour sadique des mises à mort sur la place publique
Aux dépens de la vie d'un homme, on parle économie et dissuasion
On sort des arguments démolis depuis longtemps
On cherche à excuser notre envie d'assassiner
Au nom de la société, on joue les justiciers
Ça semble facile d'ignorer la vingtaine de condamnés
Qui aux États-Unis en 85 ans ont été exécutés
Et dont l'innocence trop tard a été prouvée
Après que le peuple se fût vengé
Et que dire des 300 autres qui l'ont échappé belle
De ceux qu'on conduisait déjà vers l'échelle
Et que les vrais coupables pleins de remords regardaient avancer vers la mort
Camouflant leur front en sueur, louant le ciel pour cette erreur
Est-ce que notre époque sans le savoir
S'ennuie tellement des temps barbares
Démence, perpétuer la violence
Oeil pour oeil, dent pour dent
La fin justifie les moyens?
Non, on ne tue pas son prochain
C'est fini, le peuple qui crie
Oeil pour oeil dent pour dent
Comment un gouvernement peut-il tout bonnement
Décréter illégal l'assassinat de son prochain
Quand lui-même s'en lave les mains
Pour des raisons qui l'arrangent bien
Pratiquer soi-même ce que l'on interdit aux autres
N'a toujours été le lot que des tyrans et autres salauds


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