Gilles
DOLLAR

Paroles et musique: Jean Villard, 1932


De l'autre côté de l'Atlantique
Dans le fabuleuse Amérique
Brillait d'un éclat fantastique
Le Dollar
Il faisait rêver les gueux en loques
Les marchands de soupe et les loufoques
Dont le cerveau bat la breloque
Le Dollar
Et par milliers de la vieille Europe
Quittant sa ferme son échoppe
Ou les bas quartiers interlopes
On part
Ayant vendu jusqu'à sa chemise
On s'en va pour la terre promise
Pour voir enfin dans son église
Le Dieu Dollar

Et déjà dans la brume
Du matin blafard
Ce soleil qui s'allume
C'est un gros Dollar
Il éclaire le monde
De son feu criard
Et les hommes à la ronde
L'adorent sans retard

On ne perd pas le nord vous pensez
Juste le temps de s'élancer
De s'installer d'ensemencer
Ça part
On joue on gagne on perd on triche
Pétrole chaussettes terrains en friche
Tout s'achète tout se vend on de vient riche
Dollar

On met les vieux pneux en conserve
Et même afin que rien ne se perde
On fait de l'alcool avec de la merde
Dollar
Jusqu'au bon Dieu qu'on mobilise
Et qu'on débite dans chaque église
Aux enchères comme une marchandise
A coup de dollars

Mais sur la ville ardente
Dans un ciel blafard
Cette figure démente
C'est le dieu Dollar
Pas besoin de réclames
Pas besoin d'efforts
Il gagne toutes les âmes
Parce qu'il est en or

Autos phonos radios machines
Trucs chimiques pour faire la cuisine
Chaque maison est une usine
Standard
A l'aube dans une Ford de série
On va vendre son épicerie
Et le soir on retrouve sa chérie
Cornard
Alors on fait tourner des disques
On s'abrutit sans danger puisque
On est assuré contre tous risques
Veinard
La vie qui tourne et vous secoue
Vous fait tourner comme une roue
Il aime vous rouler dans la boue
Le dieu Dollar

Quand la nuit sur la ville
Pose son manteau noir
Dans le ciel immobile
Veille le dieu Dollar
Il hante tous les rêves
Des fous d'ici-bas
Et quand le jour se lève
Il est encore là

On de vient marteau dans leur folie
Les homme n'ont plus qu'une seule envie
Un suprême désir dans la vie
De l'or
S'ils s'écoutaient par tout le monde
On en sèmerait à la ronde
Au fond de la terre profonde
Encore
On en nourrirait sans relâche
Les chèvres les brebis même les vaches
Afin qu'au lieu de lait elles crachent
De l'or
De l'or partout de l'or liquide
De l'or en gaz de l'or solide
Plein les cerveaux et plein les bides
Encore encore

Mais sous un ciel de cendre
Vous verrez un soir
Le dieu Dollar descendre
Du haut de son perchoir
Et devant ses machines
Sans comprendre encore
L'homme crever de famine
Sous des montagnes d'or


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