Léo Ferré
PANAME



Paname
On t'a chanté sur tous les tons
Y'a plein de paroles dans tes chansons
Qui parlent de qui de quoi de quoi donc
Paname
Moi c'est tes yeux moi c'est ta peau
Que je veux baiser comme il faut
Comme savent baiser les gigolos

Paname
Range tes marlous range tes bistrots
Range tes pépées range tes ballots
Range tes poulets range tes autos
Paname
Et viens m'aimer comme autrefois
La nuit surtout quand toi et moi
On marchait vers on ne savait quoi

Paname
Y'a des noms de rues que l'on oublie
C'est dans ces rues qu'après minuit
Tu me faisais voir ton petit Paris
Paname
Quand tu chialais dans tes klaxons
Perdue là-bas parmi les hommes
Tu venais vers moi comme une vraie môme

Paname
Ce soir j'ai envie de danser
De danser avec tes pavés
Que le monde regarde avec ses pieds
Paname
T'es belle tu sais sous tes lampions
Des fois quand tu pars en saison
Dans les bras d'un accordéon

Paname
Quand tu t'habilles avec du bleu
Ça fais sortir les amoureux
Qui disent "à Paris tous les deux"
Paname
Quand tu t'habilles avec du gris
Les couturiers n'ont qu'un souci
C'est de foute en gris toutes les souris

Paname
Quand tu t'ennuies tu fais les quais
Tu fais la Seine et les noyés
Ça fait prendre l'air et ça distrait
Paname
C'est fou ce que tu peux faire causer
Mais les gens savent pas qui tu es
Ils vivent chez toi mais te voient jamais

Paname
Le soleil a mis son pyjama
Toi tu t'allumes et dans tes bas
Y'a mesieur Haussmann qui te fait du plat
Paname
Monte avec moi combien veux-tu
Y'a deux mille ans que t'es dans la rue
Des fois que je te refasse une vertu

Paname
Si tu souriais j'aurais ton charme
Si tu pleurais j'aurais tes larmes
Si on te frappait je prendrais les armes
Paname
Tu n'es pas pour moi qu'un frisson
Qu'une idée qu'une fille à chansons
Et c'est pour ça que je crie ton nom
Paname, Paname, Paname, Paname...


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