LA VERTU DE MADELEINE
Paroles: F. L. Benech, musique: G. Caye, 1909


Un beau soir la jolie petite Madeleine,
Un grand carton dans chaque main
S'en allait se retroussant avec peine,
Le long de la Chaussée d'Antin.
Un monsieur s'approchant dit: "Ma belle,
Prenez garde à votre jupon,
Vous allez déchirer la dentelle,
Je vais vous porter un carton."

"Si ce n'est que pour ça, c'est pas la peine,
Répondit Madeleine,
Je vous préviens tout de suite pour vous fixer
C'est inutile d'insister,
Si l'on nous voyait tous deux quelle affaire,
Que dirait ma mère?
Je préfère abîmer mon jupon,
Qu'abîmer ma réputation."

Cependant, chaque jour de la semaine,
Le jeune homme amoureux fou,
Revenait voir la jeune fille les mains pleines
De dentelles et de bijoux.
Pour ne pas le fâcher la demoiselle
Acceptait tout, mais un jour,
"Qu'espérez-vous de moi?" lui dit-elle
"J'espère gagner votre amour!"

"Si ce n'est que pour ça ce n'est pas la peine
Répondit Madeleine,
Je vous préviens tout de suite pour vous fixer
C'est inutile d'insister,
Vous n'aurez pas ça de moi sans le mariage,
Les hommes sont volages,
Si jamais je vous donnais mon petit bien,
C'est vous qui me donneriez plus rien!"

La voyant aussi pure que jolie,
Le jeune homme l'épousa.
Et le soir quand la noce fut finie,
Dans sa chambre il l'emmena.
Lorsque enfin fut soufflée la chandelle,
Comme il s'approchait tremblant
"Que veux-tu de moi?" lui dit la belle
"Je voudrais dit-il, un enfant."

"Si ce n'est que pour ça, c'est pas la peine,
Répondit Madeleine,
Je vous préviens tout de suite pour vous fixer
C'est inutile d'insister,
J'ai eu deux petits jumeaux l'année dernière,
Ils sont chez ma mère,
Si tu veux les gosses va les chercher,
Mais moi je ne veux plus recommencer!"


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