LA PIÉMONTAISE
Chanson de soldats - XVIIIe siècle


Ah! oui, j'ai le coeur à mon aise
Quand j'ai ma mie auprès de moi
De temps en temps je la regarde
Et je lui dis: embrasse-moi.

Comment veux-tu que je t'embrasse
Quand on me dit du mal de toi
On dit que tu pars pour la guerre
Dans le Piémont, servir le roi.

Ceux qui t'ont dit cela ma belle
Ils t'ont bien dit la vérité
Mon cheval est à l'écurie
Sellé, bridé, prêt à partir.

Quand tu seras dans ces campagnes
Tu ne penseras plus à moi
Tu penseras aux Piémontaises
Qui sont cent fois plus belles que moi.

Si fait, si fait, si fait ma belle
Je penserai toujours à toi
Je ferai faire une belle image
Toute à la semblance de toi.

Quand je serai z'à table à boire
À mes camarades je dirai:
Chers camarades, venez voir
Celle que mon coeur a tant aimée.

Je l'ai aimée, je l'aime encore
Je l'aimerai tant que je vivrai
Je l'aimerai quand je serai mort
Si c'est donné aux trépassés.

Alors j'ai versé tant de larmes
Que trois moulins en ont tourné
Petits ruisseaux, grandes rivières
Pendant trois jours ont débordé.


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