L'INTERNATIONALE


1 version

C'est la lutte finale.
Groupons-nous et demain
L'Internationale
Sera le genre humain.

Debout! l'âme du prolétaire!
Travailleurs, groupons-nous enfin.
Debout! les damnés de la terre!
Debout! les forçats de la faim!
Pour vaincre la misère et l'ombre
Foule esclave, debout! Debout!
C'est nous le droit, c'est nous le nombre:
Nous qui n'étions rien, soyons tout.

Il n'est pas de sauveur suprême:
Ni Dieu, ni César, ni tribun.
Travailleurs sauvons-nous nous-mêmes:
Travaillons au Salut Commun.
Pour que les voleurs rendent gorge,
Pour tirer l'esprit du cachot,
Allumons notre grande forge!
Battons le fer quand il est chaud!

Les rois nous soûlaient de fumée,
Paix entre nous! guerre aux tyrans!
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l'air! et rompons les rangs!
Bandit, prince, exploiteur ou prêtre
Qui vit de l'homme est criminel;
Notre ennemi, c'est notre maître
Voilà le mot d'ordre éternel.

L'engrenage encore va nous tordre;
Le Capital est triomphant;
La mitrailleuse fait de l'ordre
En hachant la femme et l'enfant.
L'Usure folle en ses colères,
Sur nos cadavres calcinés,
Soudée à la grève des Salaires
La grève des assassinés.

Ouvriers, paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs:
La terre n'appartient qu'aux hommes.
L'oisif ira loger ailleurs
C'est de nos chairs qu'ils se repaissent!
Si les corbeaux, si les vautours,
Un de ces matins disparaissent...
La terre tournera toujours.

Qu'enfin le passé s'engloutisse!
Qu'un genre humain transfiguré
Sous le ciel clair de la Justice
Mûrisse avec l'épi doré!
Ne crains plus les nids de chenilles
Qui gâtaient l'arbre et ses produits.
Travail étends sur nos familles
Tes rameaux tout rouges de fruits.

C'est la lutte finale.
Groupons-nous et demain
L'Internationale
Sera le genre humain.


2 version

C'est la lutte finale:
Groupons-nous, et demain,
L'Internationale
Sera le genre humain.

Debout! les damnés de la terre!
Debout! les forçats de la faim!
La raison tonne en son cratère:
C'est l'éruption de la fin.
Du passé faisons table rase.
Foule esclave, debout! debout!
Le monde va changer de base:
Nous ne sommes rien, soyons tout!

Il n'est pas de sauveurs suprêmes:
Ni Dieu, ni César, ni tribun,
Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes?
Décrétons le salut commun!
Pour que le voleur rende gorge,
Pour tirer l'esprit du cachot,
Soufflons nous-mêmes notre forge,
Battons le fer quand il est chaud!

L'État opprime et la loi triche;
L'Impôt saigne le malheureux;
Nul devoir ne s'impose au riche;
Le droit du pauvre est un mot creux.
C'est assez languir en tutelle,
L'Égalité veut d'autres lois;
"Pas de droits sans devoirs, dit-elle,
Égaux, pas de devoirs sans droits!"

Hideux dans leur apothéose,
Les rois de la mine et du rail
Ont-ils jamais fait autre chose
Que dévaliser le travail?
Dans les coffres-forts de la bande
Ce qu'il a créé s'est fondu.
En décrétant qu'on le lui rende
Le peuple ne veut que son dû.

Les Rois nous soûlaient de fumées.
Paix entre nous, guerre aux tyrans!
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l'air et rompons les rangs!
S'ils s'obstinent, ces cannibales,
A faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.

Ouvriers, paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs;
La terre n'appartient qu'aux hommes,
L'oisif ira loger ailleurs.
Combien de nos chairs se repaissent!
Mais. si les corbeaux, les vautours,
Un de ces matins, disparaissent,
Le soleil brillera toujours!

C'est la lutte finale:
Groupons-nous, et demain,
L'Internationale
Sera le genre humain.


À la page des textes divers
À la page des textes