Georges Chelon
TU SAIS



Tu sais
Que de matins tremblants
N'aurons pas vu trembler,
Tu sais
Que de soleils couchants
N'aurons pas vu coucher,
Tu sais
Que de fleurs de printemps
N'aurons pas respirées,
Tu sais
Que d'étoiles filantes
N'aurons pas vu tomber.

Tu sais
Combien de rires d'enfants
Qui se seront perdus,
Tu sais
Combien de fruits brûlants
Nous seront inconnus,
Tu sais
Et combien d'amitiés
Nous aurons ignorées,
Tu sais
Combien d'amours cachées
Nous n'aurons su trouver.

Quand viendra l'heure de nous taire
Nous n'aurons pas tout vu,
Quand viendra l'heure de nous taire,
Nous n'aurons rien connu.
Non rien connu

Tu sais
Mais combien de forêts
Aurons-nous mutilées,
Tu sais
Mais combien de chaleur
Aurons-nous gaspillée,
Tu sais
Combien de gouttes d'eau
Aurons-nous pu jeter,
Alors qu'au seuil de notre porte
Une fleur se fermait.

Tu sais
Combien d'espoirs déçus
Aurons-nous fait germer,
Tu sais
Combien de larmes aussi
Aurons-nous fait couler.
Tu sais
Combien de faux-semblants
Nous aurons fait briller,
Mon Dieu combien de peu de bien
Nous pourrons nous vanter.


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