Georges Chelon
LE PHARE DE LA DÉFENSE



Il pleut, il pleut, il pleut
Sur la ville endormie
Il pleut, il pleut, il pleut
On devine Paris
Dans sa tour de cristal
Au tout dernier étage
Comme dans un bocal
Il contemple l'orage

Il pleut, il pleut, il pleut
Les bureaux sont déserts
Comme un gardien de phare
Il donne la lumière
Il pleut, il pleut, il pleut
Les yeux remplis d'étoiles
Il guide les bateaux
Qui ont perdu leurs voiles

Il pleut, il pleut, il pleut
Qui a peur des éclairs
Il pleut, il pleut, il pleut
A grands coups de tonnerre
Sur son piton rocheux
Au bout de la Défense
Il parle avec les dieux
Les dieux de son enfance

Il pleut, il pleut, il pleut
Et cette eau qui se perd
Ce n'est plus un orage
C'est déjà la tempête
Là-bas dans le village
Où vit encore son père
Le sable a recouvert
les tombes des ancêtres

Il pleut, il pleut, il pleut
Et les hommes se terrent
Je connais des pays
Où l'on ferait la fête
Cette ville qui dort
Et cette eau qui se perd
Et ce gardien de phare
Perdu dans son désert

Il pleut, il pleut, il pleut
Les tours de la Défense
Sont comme des bateaux
Qui tanguent et qui balancent
Il pleut, il pleut, il pleut
Sur le mât le plus haut
Accroché à la hune
Il porte son drapeau

Il pleut, il pleut, il pleut
Et vous gagnez le port
Sans savoir qu'un héros
A sauvé votre ville
Il pleut, il pleut, il pleut
Mais de moins en moins fort
Et les vagues se calment
Et le rêve vacille

Il pleut, il pleut, il pleut
Il ne pleut presque plus
Les clameurs se sont tues
Et les hommes d'affaires
Gagnent le bâtiment
Au bout de l'avenue
Il range son balai
Et éteint la lumière


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