Georges Chelon
FENÊTRE SUR SEINE



De ma fenêtre, je vois
Une péniche pleine
De je ne sais quoi
Qui remonte la Seine

De ma fenêtre, je vois
S'écouler les semaines
Au rythme des trois "huit"
De l'usine Citroën

De ma fenêtre, je vois
La grosse main de fer
Qui du lit de la Seine
Tire des poignées pleines
De sable et de cailloux

De ma fenêtre, je vois
Une épave d'auto
Volée peut-être pas
Mais ce n'est pas très beau

De ma fenêtre, je vois
Près du kiosque à journaux
Mon voisin qui s'en va
Boire un verre au bistrot

De ma fenêtre, je vois
Un chat qui se promène
Je ne le connais pas
Mais je l'aime quand même
Avec son air voyou

De ma fenêtre, surtout
Je vois l'immeuble
Planté là en face de chez moi
Un immeuble tout gris
Qui me cache Paris
Et sans lui, et sans lui

Je verrais la Tour Eiffel
Je verrais le pont de Grenelle
Sous lequel passe la Seine
Comme sous le pont Mirabeau

Je me noierais dans le ciel
Dans ses nuages, dans ses soleils
Et m'emportera La Seine
Comme elle emporte les bateaux

Je verrais la Tour Eiffel
Je verrais le pont de Grenelle
Et m'emportera la Seine
Comme elle emporte les bateaux

De ma fenêtre, je vois
Une péniche vide
Qui redescend la Seine


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