Georges Chelon
LE CHIEN



Dans le froid, la boue et le vent,
Il a franchi mille monts et torrents,
Dans le ciel clair et dans la fièvre de mai,
Il a battu mille prés et sentiers
A perdre haleine,
A grande peine,
Par tous les temps, il a marché.

Il mangeait ce qu'il pouvait trouver,
Parfois c'était des restes qu'on lui jetait,
Il s'arrêtait tard le soir et cherchait
Le lit profond d'un fossé et dormait
Trois heures à peine,
Pour prendre haleine
Avant le jour il repartait.

La route est longue pour les humains,
Elle fut plus longue pour ce chien.

Tête basse et pattes ensanglantées,
Le chien sans race inlassablement marchait,
Guettant le moindre souffle d'air, le palpant,
Il espérait, dans les odeurs du vent,
Y reconnaître
Celle du maître,
De son vieux maître qu'il aimait.

Dans le froid et la bise qui mord,
Un chien vaincu a hurlé à la mort,
Trois longues nuits, mais de moins en moins fort,
Dans la vallée sa plainte pèse encore,
Puis en silence,
La neige dense
Posa un manteau sur son corps.

La route est longue pour les humains,
Elle fut moins longue pour ce chien.


À la page des textes de Georges Chelon
À la page des textes