Georges Chelon
LA BARQUE



Une barque mollement se balançait
Sur l'eau d'un étang calme, calme
Dans la barque mollement
Nos corps reposaient tendrement
Mais calmes, ah! trop calmes

L'été sur nous s'abrutissait
A peine un petit vent léger
De temps à autre nous faisait du charme
Et l'eau que tes doigts effleuraient
Pour te plaire souvent t'offrait
Un bouquet de nénuphars en larmes

On était bien, on était sages
On était trop près du rivage
Dommage,
Mais partir au loin
Prendre le large
Je n'en avais pas le courage

Ces quelques planches qui flottaient
Ces bouts de bois qui nous portaient
A nos yeux devenaient comme une île
On était bien, on se taisait
L'un près de l'autre on s'endormait
Guidés par ce rêve tranquille

Pourquoi le vent s'est réveillé
Pourquoi l'étang a chaviré
Pourquoi le ciel nous a fait grise mine
Partis comme on était partis
On en aurait eu pour la vie
A rêver tous les deux en sourdine

Tant pis, tant pis, quelle importance
Puisqu'un autre été recommence, par chance
La barque est là qui se déhanche
Et c'est pour nous deux qu'elle se penche
Oh! qu'elle se penche

Une barque mollement, se balance
Sur l'eau d'un étang calme, oh, oh, oh, oh, calme
Dans la barque mollement
Nos corps reposent tendrement
Mais calmes, moins calmes


À la page des textes de Georges Chelon
À la page des textes