Francis Cabrel
ELLE DORT


Elle danse sur des parquets immenses
Aussi luisants qu'un lac
Confuse dans les vents qui s'amusent
À sa robe qui claque
Ondulant comme une flamme
Ballerine, elle balance sans efforts
Elle rentrera par le grand escalier
Qu'elle adore

Elle court par les ruelles autour
Dans les rires et les flaques
Légère par-dessus les barrières
Et les grilles des parcs
Ondulant comme une flamme
Elle s'envole au bras d'un conquistador
Sur la chaise mobile
Où lourdement pèse son corps
Elle dort

C'est l'histoire d'à peine une seconde
Enfin elle peut faire comme tout le monde
Poursuivre un oiseau, un ballon, un trésor
Mais,
Elle dort attachée à un siège
Comme sur l'eau le bouchon de liège
Et toujours ce fil qui la ramène au bord

Elle sort ni blessée ni fragile
Ni poupée de cristal
Dehors où le monde défile
À vitesse normale
Ailleurs dans d'autres costumes
Et debout surtout dans d'autres décors
Sur la chaise mobile
Où lourdement pèse son corps
Elle dort

Elle dort comme on plonge dans un livre
Elle dort comme on commence à vivre
Surtout quand le monde accélère dehors
Mais,
Elle dort attachée à son siège
L'enfant jamais descendue du manège
Elle aime ses heures brûlantes où elle pense
Qu'elle danse...

Sur des parquets immenses
Aussi luisants qu'un lac...
Confuse dans les vents qui s'amusent
À sa robe qui claque


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