Georges Brassens
LE VIN



Avant de chanter
Ma vie, de faire des
Harangues,
Dans ma gueule de bois
J'ai tourné sept fois
Ma langue...

Je suis issu de gens
Qui étaient pas du gen-
re sobre...
On conte que j'eus
La tétée au jus
D'octobre...

Mes parents ont dû
Me trouver au pied d'u-
ne souche,
Et non dans un chou,
Comme ces gens plus ou
Moins louches...
En guise de sang,
(O noblesse sans
Pareille!)
Il coule en mon coeur
La chaude liqueur
De la treille...

Quand on est un sa-
ge, et qu'on a du sa-
voir-boire,
On se garde à vue,
En cas de soif, u-
ne poire...
Une poire... ou deux,
Mais en forme de
Bonbonne,
Au ventre replet
Rempli du bon lait
De l'automne...

Jadis, aux Enfers,
Certes, il a souffert,
Tantale,
Quand l'eau refusa
D'arroser ses a-
mygdales...
Être assoiffé d'eau,
C'est triste, mais faut
Bien dire
Que, l'être de vin,
C'est encore vingt
Fois pire...

Hélas! il ne pleut
Jamais du gros bleu
Qui tache...
Qu'elles donnent du vin,
J'irai traire enfin
Les vaches...
Que vienne le temps
Du vin coulant dans
La Seine!
Les gens, par milliers,
Courront y noyer
Leur peine...


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