François Béranger
MON 18980


Le jour se lève encore un qui commence
Mon dix huit mille neuf cent quatre vingtième
De chaque moment je voudrais me saisir
De chaque seconde extirper la couleur
De chaque minute retenir la saveur
Et chaque nuit n'en plus finir de jouir
Et de chaque heure peser la densité
Moment unique de mon unique vie

Je joue un peu à dresser des barrières
Envers et contre les assaillants d'angoisse
Devant mes yeux ce matin la mer verte
Le ciel d'un bleu à vous couper la chique
En contrepoint une radio ratiocine
Susurre serine sur l'état de la planète
A balancer de raison en délire
Je suis comme saoul du lever au coucher

Longeant la mer par le chemin des douanes
Jusqu'au village je vais chercher du pain
La boulangère et ses gros seins d'antan
A des yeux verts un tantinet pervers
Ben oui c'est vrai la Vieille avec sa faux
Est chaque matin plus proche et familière
Absurde la vie j'en ai pris mon parti
Le jour se lève encore un qui commence
Mon dix huit mille neuf cent quatre vingtième


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