Barbara
D'ELLE À LUI

P. Marinier, 1958


Tu me dis Léon, qu'il faut que je t'oublie
Parce que dans quelques jours, tu vas te marier
Ce que tu demandes là
Mais c'est de la folie
Car il y a des amours, qu'on ne peut oublier
Je te l'ai toujours dit
Tu fus le premier homme
Qui m'ait chaste et pure, tenue dans ses bras
Qui ça te fait sourire
Ben, souris mon bonhomme
Mais ça c'est une chose
Qu'une femme n'oublie pas
Ah! oui j'étais pure
C'était ridicule
Des choses de la vie
Je savais rien de rien
A ce point que toi,
Pourtant qu'est pas un hercule
Ben, ce que tu me faisais
Je trouvais ça très bien
Ah! T'aurais tout de même pas
Fait comme ce colosse
Des choses épatantes
Entre les deux repas
Mais non, mon ami
Non je ne suis pas rosse
Y'a tout de même des choses
Qu'une femme n'oublie pas
En ce temps là, t'étais pas vêtu comme un prince
Tu gagnais quelque chose
Comme cent francs par mois
Quand on a le ventre creux, on a la taille mince
J'aime pas les gros hommes
Ben, t'étais de mon choix
Je menais une vie sobre, tout autant que rangée
Ah! tu te souviens pas de ça
Maintenant que tu es gras
Ce que j'en ai bouffé, de la vache enragée
Et ça c'est une chose
Qu'une femme n'oublie pas
Ce qui t'empêchait pas de faire
Des petites bombances
Et chercher ailleurs, un autre bien, que le tien
Ah! tu m'en as fait voir
De toutes les nuances
Et tu prétendais même, que le jaune m'allait bien
Et quand je pense que moi
Moi, j'étais fidèle
Dans la vie d'une femme, ça compte
En tout cas, le cas est assez rare
Pour que je me le rappelle
Et ça c'est une chose que je n'oublierai pas
Et le jour où je t'appris
Que j'allais être mère
Un enfant à nous
Mais c'était fabuleux
Tiens
Je l'ai ta voix dans le creux de mon oreille
Ah! non pas d'enfant
On est assez de deux!
Ah! tu me fiches bien
De ma vie, de ma souffrance
Ce qui prouve mon ami
Que si t'es murfle au fond
C'est pas d'aujourd'hui
Que j'en fais l'expérience
Car il y a des choses
Qu'une femme n'oublie pas
Ah! puis tiens tu me rendrais méchante
Si je remue tout ça
C'est que j'ai tant de peine
Je croyais qu'on vivrait toujours, tous les deux
Mais non! J'irai pas chez toi
Faire des scènes
Tu veux t'en aller, va t'en, sois heureux
Mais t'oublier, non
Je t'avoue ma faiblesse
Songeant au passé, je pleurerai parfois
Car ce temps-là vois-tu
C'est toute ma jeunesse
Et ça c'est une chose
Qu'une femme n'oublie pas


À la page des textes de Barbara
À la page des textes