Salvatore Adamo
SANS DOMICILE


Elle a du vent dans la tête
Et ses souvenirs qui s'envolent
C'est pour ça qu'on la rejette
C'est pour ça qu'on la dit folle

Alors elle parle aux oiseaux
Ou elle fait des ronds dans l'eau
Et des petites choses qui la retienne
De se jeter dans la Seine

Elle a un trou dans le coeur
Et plein d'amour qui se perd
Elle aime dans la douleur
Un type qu'en a rien à faire
Alors, elle veut plus être belle
Elle veut plus rien être du tout
Elle dort entre deux poubelles
Tout près d'un chat qui s'en fout

Et puis... y a tous ces trains
Qui partent au loin
Et puis... y a le quotidien
Et tous ses liens
Et puis... y a le temps qui file
Et puis c'est plus facile
De s'inventer une île... sans domicile

Elle a du vent dans la tête
Et son esprit qui s'étiole
Elle sait plus dans quelle tempête
Elle a largué sa boussole
C'est vrai qu'avec son ombrelle
Qu'elle ouvre même sous les ponts
On dirait une caravelle
Échouée sur le béton

Elle regarde les autres paumés
Les naufragés de l'hiver
Mais c'est chacun de son côté
Chacun pour soi en enfer
Elle ne veut rien savoir d'eux
Et surtout pas leur histoire
Elle veut pas se voir
Dans leurs yeux
Elle a trop peur des miroirs

Et puis... y a tous ces trains
Mais quel est le sien
La vie à quoi ça tient
À presque rien
Suffit... qu'on soit fragile
Suffit... qu'on se sente inutile
Et on se perd dans la grande ville
Sans domicile


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