Salvatore Adamo
GAGNER DU TEMPS


Tous les matins et tous les soirs Paris me marche sur les pieds
Paris me croise sans me voir me bousculant sans se soucier
Des billets de loterie nationale que je lui tends depuis vingt ans
Je me souviens pas que la capitale un jour m'ai souri en passant
Quand ma voix se veut amicale je m'en repends au même instant
Car je vois l'heure même machinale me signifier qu'il est grand temps
Qu'il est grand temps parce que le temps est la conscience du passant
Et que c'est surtout pas en parlant qu'il pourrait bien gagner du temps

Et pourtant j'aime les passants ils me rappellent mes amis
Ceux que j'aurais eu si la vie n'avait pas fait de dépassants
Y'a les poètes, les fous, les dignes et ceux qui changent tous les jours
Ils laissent leur rêve à la consigne pour les décrocher au retour
Parce que le temps évidemment est la conscience du passant
C'est surtout pas en rêvant qu'il pourrait bien gagner du temps

Et sur les quais je les attends, j'attends l'éternel amoureux
Qui tout les matins tristement descend du train de neuf heures deux
J'attends la fille de neuf heures quatre celle qui arrive toujours trop tard
Pour qu'un jour elle entendre battre le coeur de l'éternel fuyard
Dire comme moisselle c'est qu'ils se cherchent dans la cohue des mort-vivants
Je voudrais leur tendre la perche oui mais que faire contre le temps
Parce que le temps évidemment n'en a que faire des amants
C'est surtout pas en s'aimant qu'il pourrait bien gagner du temps

Mais moi je reste le vieillard celui qui vient vous ennuyer
Que l'on voit s'éloigner peinard et qu'on s'empresse d'oublier
Parce que le temps évidemment est la conscience du passant
C'est surtout pas en se souvenant qu'il pourrait bien gagner du temps
Gagner du temps, gagner du temps, gagner du...


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