Charles Trenet
LE CHINOIS
Paroles et musique: Charles Trenet, 1966


Ce marchand de chaussures, n'est pas sûr, je t'assure
Avec sa jambe de verre son œil de bois
Il n'a pas le teint du Rhône, il a même le teint jaune
Cet homme là, méfie toi, c'est un chinois.

Tu sais bien ce qu'on raconte, à coup sûr sur son compte
Des histoires de voleurs de hors la loi
Parait que s'est une fine lame, qu'il aurait tué sa femme
Elle disait en mourant, c'est le chinois

S'il se donne l'air paterne, c'est qu'il met en lanterne
Tout son être et jusqu'au son de sa voix
Il fait bon qu'on le déteste, qu'on le fuit comme la peste
Comme on doit, fuir je le crois certains chinois

Que fume t il dans sa pipe, de l'opium en principe
Dont il fait le trafic cela va de soit
Quand il dit sa prière, assis sur son derrière,
Il prie qui, le bouda, un dieu chinois

Regardez son échoppe quel milieu interlope
Des gitans, des indiens de je ne sais quoi
Resté seul, il s'empresse de ne lire qu'une presse
Qu'un journal: le canard en chinois

Il fait les ressemelages, en papier d'emballage
Il se nourrit de riz frit aux petits pois
Il raconte, même il ose, dire qu'il vient de Formose,
Pour qu'on croie qu'il n'est pas un vrai chinois

Quant il met une assiette tout en haut d'une baguette
Une assiette ou bien un dessous de plat
Elle tourne en roue libre, maintenue en équilibre
Il suffit qu'il agite un peu les doigts

Parfois il court la lande, disposant des guirlandes
Qu'il étale jusqu'au fond du petit bois
Et prés du précipice, tire un feu d'artifice
En criant, la poudre, invention chinois

Faisons vite en cachette, une collecte qu'on lui achète
Un billet d'émigrant, il y a droit
Offrons-lui un passage pour Pékin ou plus sage,
Pour Pantin au fond du quartier chinois
Qu'il s'en aille! Rome ou Sparte, l'important c'est qu'il parte!
Car s'il reste dans dix ans oui ma foi
Il est capable d'atteindre son but qui est de déteindre sur nous
Et on sera quoi, tous des chinois.


À la page des textes de Charles Trenet
À la page des textes