Serge Reggiani
L'ARRIÈRE-SAISON
Paroles: Gilbert Grenier


Il tombait des hallebardes
A l'arrière-saison
Il y avait des lézardes
Aux toits de nos maisons
Et de grands chevaux noirs
Qui ravageaient le ciel
Et trouaient nos mémoires
De doutes éternels

Souviens-toi
Le temps était au glas
Aux larmes et aux frissons
J'ai tissé dans tes bras
Mon arrière-saison

On s'est battu alors
A l'arrière-saison
Les orgues de la mort
Ont joué sur tous les fronts
On ne reverrait plus
Les cerisiers en fleurs
Ni l'espoir abattu
D'une bombe en plein coeur

Souviens-toi
La tristesse et l'effroi
Ont balayé nos fronts
Et labouré du doigt
Notre arrière-saison

Je suis parti un jour
A l'arrière-saison
Sans flûte ni tambour
Sans rire ni pardon
Ma jeunesse perdue
Écartelait son ombre
A la croisée des nues
Sur un lit de décombres

Souviens-toi
Nos lettres sont écrites
A la chair à canon
Et le sang sèche vite
A l'arrière-saison

Et puis est reparue
La nouvelle saison
Et je suis revenu
Refaire la maison
On avait gros le coeur
On avait, qui peut dire?
C'était comme des fleurs
Qui n'avaient su mourir

Souviens-toi
Comme on s'est embarqué
Vers le même horizon
Et comme on s'est aimé
A l'arrière-saison

Et comme on s'est aimé
A l'arrière-saison


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