Pierre Perret
C'EST AINSI QU'ON VIT À PARIS
Paroles et musique: Pierre Perret


Il est sept heures du matin et nous rentrons des pays chauds
Le Boeing va se poser sur la grande piste de Roissy
Le commandant tout content annonce qu'ici il fait zéro
Et l'hôtesse avant de partir veut une photo pour son petit
Comme l'a dit monsieur Trenet que c'est bon de revoir Paris
Y a cette odeur du métro et le ciel bleu de l'Île-de-France
On déjeunera chez Thérèse mais en attendant dans le taxi
On écoute battre le coeur de la cité de la tolérance

REFRAIN:
Tout le monde s'agite on s'endort pas sur le rôti
Car c'est ainsi qu'on vit à Paris

Le livreur en sifflotant a livré ses caisses de lolo
Y faut être vraiment sourdingue pour pas entendre les éboueurs
Les pigeons lâchent de l'engrais sur la statue de Monsieur Diderot
Dans un cartable une maman glisse une poignée de petits-beurre
On voit le marchand de journaux manipuler ses périodiques
La bignole toujours méfiante vient de s'armer de son plumeau
Les écoliers vont plancher sur les merveilles du Mozambique
Ignorant que c'est le pays qui balaye le caniveau

Et c'est comme ça tous les matins c'est le même refrain
Car c'est ainsi qu'on vit à Paris

Avant que le soleil timide ait repoussé la nuit têtue
Le boulanger a rejoint le corps tout chaud de la boulangère
Pour la dernière fois de la nuit la strip-teaseuse s'est dévêtue
Et un loubard abandonne la tire qu'il avait piquée hier
Pendant que l'Armée du Salut distribue ses premières gamelles
La mère de famille attend qu'on ouvre les portes à la Sécu
Le marchand de couronnes met en vitrine ses regrets éternels
Le routier sur les périfs s'endort au volant de son gros cul

REFRAIN

La maternité a retenti du cri d'un nouveau-né
Et le gardien du cimetière attend son tout premier client
Un avocat général rêve de pouvoir lui en envoyer
Le type de l'Anpe propose des boulots déprimants
Pendant qu'un petit prodige massacre la lettre à Élise
Le clodo qui a moissonné trimballe son landau jusqu'aux puces
La bigote le teint cireux fait son jogging jusqu'à l'église
Dans le bouchon le chauffeur de bus se prépare un bel infarctus

REFRAIN

Les truands vont se pieuter après un casse acrobatique
Dans la cour en chahutant les écoliers se mettent en rang
Les poulets vont picorer leur canigou chez les indices
Et la demoiselle du bois donne la comptée à son hareng
Le marchand de légumes a mis ses belles tomates au-dessus de la pile
D'un coup de jet le poissonnier rafraîchit l'oeil de son poiscaille
Les pervenches filent des biscuits sur les bagnoles en double file
Les pompiers sous le pont des Arts cherchent un macchabée dans la baille

Et c'est comme ça tous les matins c'est le même refrain
Car c'est ainsi qu'on vit à Paris


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