Georges Moustaki
TES GESTES


Plus tendres qu'un aveu
Tes gestes me désarment
Ta main dans tes cheveux
Ou qui sèche une larme
Tu mêles savamment
L'innocence et le charme
Ta jupe de quinze ans
Et tes jambes de femme
Tes bras encore si frêles
Deviennent rassurants
Quand tu donnes à l'enfant
Ta douceur maternelle

Dis-moi qui t'a appris
A effleurer ma bouche
Toi qui suces ton pouce
Quand tu es endormie

Plus belle qu'une ondine
Quand tu sors de ton bain
Tu caches ta poitrine
Dans la paume des mains
Des hanches insolentes
A chaque mouvement
Une bouche gourmande
Et des yeux innocents
Le soleil apprivoise
Ton corps à contre-jour
Et trouble les contours
De ton ombre chinoise

Dis-moi qui t'a appris
A effleurer ma bouche
Toi qui suces ton pouce
Quand tu es endormie

Comme une adolescente
A son premier désir
Experte et maladroite
Offerte à ton plaisir
Tu es en même temps
Princesse et courtisane
Une fille, une femme
Et la mère et l'enfant
Je te regarde vivre
Et tu me donnes vie
Tes gestes me délivrent
De tout ce que je suis

Dis-moi qui t'a appris
A effleurer ma bouche
Toi qui suces ton pouce
Quand tu es endormie


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