Jacques Higelin
BANLIEUE BOOGIE BLUES

Jacques Higelin, 1978


Je suis un genre de loup solitaire
J'agresse les fillettes et leur mère
Quand j'ai rien à me mettre sous la dent
Je grimpe dans un wagon restaurant
Y a là une bonne douzaine de rombières

Qui finissent leur partie de poker
J'en balance trois par la portière
Et les autres suivent en chantant

Le contrôleur me rentre dedans
Et comme j'aime pas ses manières
J'y plante mes crocs dans sa visière
Et terminus tout le monde descend

Dans le banlieue banlieue boogie
Banlieue boogie rock'n blues
Banlieue banlieue boogie
Banlieue boogie rock'n blues

Qu'est bourré d'assassins
De mercenaires de fonctionnaires
Un pauvre gosse qu'a un gros chagrin
Vient de s'allonger sous mon train

Du ciel crasseux tombe de la bruine
Pendant que j'ai le moral qui tombe en ruines
Un légionnaire de Tataouine
M'embrasse et veut me casser la gueule

Parti de rien comme un vrai zonard
T'as toutes les chances d'arriver nulle part
Reçu avec la mention zéro
A moins que ce soit douze balles dans la peau

C'est le banlieue...

T'as beau qu'être qu'un vieux loup solitaire
Qu'a le fond du caractère blindé
Y'a des quais de gare les soirs d'hiver
Qui te filent une méchante envie de chialer

Surtout quand le dernier omnibus
T'a largué juste au petit matin
Avec ton blues et tes vieilles puces
Qu'ont rendez-vous avec leur chien

En ces grands instants pathétiques
Plus personne crache sur le fric
Faudrait pas trop que tu désespères
Toi qu'est de l'autre côté de la barrière

Parait que le bon dieu s'est flingué
Quand il a appris que dans la misère
L'homme est un loup pour son frère
Qu'avait pas l'air de le regretter

Si je te raconte tout ça ce soir
C'est que j'ai chopé un vieux coup de cafard
Mais je pense que t'as autre chose à faire
Qu'à écouter les loups solitaires
Déconner


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