Richard Gotainer
LE TAQUIN ET LA GROGNON



Tout en sourire et l'oeil en coin,
D'humeur enjouée, toujours badin:
Lui, c'était le taquin.

Boudant pour un oui pour un non,
D'un naturel plutôt ronchon:
Elle, c'était la grognon.

Le taquin et la grognon.

Il promenait sa bonhomie,
Bras ballants ou mains dans les poches
Et son harpie de bonne amie
Suivait en lui sonnant les cloches.

Sans répit, elle le canulait
A grommeler des arguties,
II répondait des quolibets;
II ripostait par des lazzi.

Le taquin faisait des niches
Et la grognon bougonnait
La grognon était bougon.
Mais le taquin s'en tapait.
Mais le taquin s'en tamponnait.

A ses heures, il était poète,
II lui causait de papillon;
Chut, elle avait mal à la tête;
Chut, y'avait la télévision.

Veux-tu te taire, es-tu donc fou,
Voyons, tu n'est plus un gamin.
Assieds-toi donc pendant que t'es debout.
Essuies tes pieds, prends les patins.

La taquin faisait des niches
Et la grognon bougonnait.
La grognon était bougon.
Mais le taquin s'en tapait.
Mais le taquin s'en tamponnait.

Il sifflait "Perle de cristal"
Pendant qu'elle mangeait des cachets,
Il s'écriait: "T'as vu l'étoile",
Elle répondait: "Mets ton cache-nez".

Elle ne planait jamais plus haut
Que le plus haut de ses bigoudis.
Et lui, allongé sur le dos,
Rêvait de mille et une nuits.

Le taquin faisait des niches
Et la grognon bougonnait.
La grognon était bougon.
Mais le taquin s'en tapait.
Mais le taquin s'en tamponnait


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