Jacques Brel
FERNAND
1966


Dire que Fernand est mort
Dire qu'il est mort Fernand
Dire que je suis seul derrière
Dire qu'il est seul devant
Lui dans sa dernière bière
Moi dans mon brouillard
Lui dans son corbillard
Et moi dans mon désert
Devant y a qu'un cheval blanc
Derrière y a que moi qui pleure
Dire qu'y a même pas de vent
Pour agiter mes fleurs
Moi si j'étais le Bon Dieu
Je crois que j'aurais des remords
Dire que maintenant il pleut
Dire que Fernand est mort

Dire qu'on traverse Paris
Dans le tout petit matin
Dire qu'on traverse Paris
Et qu'on dirait Berlin
Toi toi toi tu sais pas tu dors
Mais c'est triste à mourir
D'être obligé de partir
Quand Paris dort encore
Moi je crève d'envie
De réveiller des gens
Je t'inventerai une famille
Juste pour ton enterrement
Et puis si j'étais le Bon Dieu
Je crois que je serais pas fier
Je sais on fait ce qu'on peut
Mais y a la manière

Tu sais je reviendrai
Je reviendrai souvent
Dans ce putain de champ
Où tu dois te reposer
L'été je te ferai de l'ombre
On boira du silence
A la santé de Constance
Qui se fout bien de ton ombre
Et puis les adultes sont tellement cons
Qu'ils nous feront bien une guerre
Alors je viendrai pour de bon
Dormir dans ton cimetière
Et maintenant Bon Dieu
Tu vas bien rigoler
Et maintenant Bon Dieu
Maintenant je vais pleurer.


À la page des textes de Jacques Brel
À la page des textes