Georges Brassens
LES CROQUANTS



Les croquants vont en ville, à cheval sur leurs sous,
Acheter des pucelles aux saintes bonnes gens,
Les croquants leur mettent à prix d'argent
La main dessus, la main dessous...
Mais la chair de Lisa, la chair fraîche de Lison
(Que les culs cousus d'or se fassent une raison!)
C'est pour la bouche du premier venu
Qui a les yeux tendres et les mains nues...

REFRAIN

Les croquants, ça les attriste, ça
Les étonne, les étonne,
Qu'une fille, une fille belle comme ça,
S'abandonne, s'abandonne
Au premier ostrogot venu:
Les croquants, ça tombe des nues.

Les filles de bonnes moeurs, les filles de bonne vie,
Qui ont vendu leur fleurette à la foire à l'encan,
Vont se vautrer dans la couche des croquants,
Quand les croquants en ont envie...
Mais la chair de Lisa, la chair fraîche de Lison
(Que les culs cousus d'or se fassent une raison!)
N'a jamais accordé ses faveurs
A contre-sous, à contrecoeur...

Les filles de bonne vie ont le coeur consistant
Et la fleur qu'on y trouve est garantie longtemps,
Comme les fleurs en papier des chapeaux,
Les fleurs en pierre des tombeaux...
Mais le coeur de Lisa, le grand coeur de Lison
Aime faire peau neuve avec chaque saison:
Jamais deux fois la même couleur,
Jamais deux fois la même fleur...


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