François Béranger
Y'A 10 ANS


Y'a dix ans je chantais partout
Dans les rues dans les cours dans des trous perdus
On frappait à la porte des hostos
On chantait dans des prisons des chantiers des métros
La belle vie
Ça fait beau temps que la bande des chanteurs fous
A éclaté aux quatre vents
En oubliant les matins froids où l'on partait en n'emportant
Que des chansons des guitares poisseuses
Des chemises crasseuses des yeux mal lavés
A peine surgis d'une cave enfumée
Où toute la nuit on avait dansé

Y'a dix ans je chantais partout
Dans les rues dans les cours dans des trous perdus
Aujourd'hui je me couche à dix heures
Pour être en forme à mon labeur
La belle vie
C'était pas beau ce qu'on chantait c'était faux
C'était faux à en prendre peur
N'empêche que les gens écoutaient
Et même qu'ils en redemandaient
Ça venait du coeur comme on dit couramment
C'était en choeur à la tierce à la quarte
C'était bâti sur des anatoles
On n'en tirait pas du tout de gloriole

Y'a dix ans je chantais partout
Dans les rues dans les cours dans des trous perdus
Maintenant ma voix est rouillée
Ma guitare aux termites est mangée
La belle vie
Je sens une grande frénésie
Ce matin m'envahir au saut du lit
J'ai bien envie de reprendre la route
Et d'effacer ces dix ans sans chanter
On verra bien ce que sera demain
Pas trop d'angoisse ça rend gris le tein
Pourquoi s'en faire faut défaire et refaire
Et ainsi de suite jusqu'à la Saint Glinglin


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