François Béranger
CHANSON FOLKLO


En Juin après la danse, on partait sur la lande.
Les mains baladeuses dans leurs habits de fête
Des dentelles, des rubans, des ruchers, des plissés,
Des jupons ouvragés, des petites culottes brodées.
Elles vous poussaient des cris, se disaient très outragées.
Mais vous serraient de si près, qu'on savait plus quoi faire.
On voyait sur leur front, à la lueur de la lune,
Mille petites perles des chaleurs de l'été.

Alors d'un coup fermant les yeux,
Elles donnaient leur bouche en présent
Et faisaient des choses étonnantes
Pour des jeunes filles bien éduquées.

On enlevait sa veste, qu'on tenait de son père.
La belle des dimanches, on velours noir brodé,
On la posait par terre, ça faisait grand seigneur,
Pour pas que les piquants leur écorchassent le train.
Toujours sous la lune, c'était une sarabande
De merveilles en albâtre, comme celles des statues.
Mais de chair et de sang, de rondeurs bien tendres.
On avait le souffle court, voix rauque et reins d'acier.

Et hardi donc! que je te connais bien!
Que je t'appelle mon amour?
Et que ça va et que ça vient!
Et que ça dure jusqu'au matin...

Elles vous criaient pas dans l'extase
L'enlève pas, chéri, surtout garde la!
Va pas me filer le syndrome...
Ainsi va l'amour to day (to die...)

Quand l'aube rougeoyait, on se rajustait décemment
On se sentait tout timide dans la lande piétinée.
On rejoignait les autres dans la grange de l'auberge
Où ils vous accueillaient de sourires amusés.

Dans les mois qui suivaient leur taille s'arrondissait,
Les rubans se désseraient, leurs seins devenaient lourds.
En Mars ou Avril arrivaient les petits nouveaux,
Et en Juin fidèlement la lande nous attendait.

Souvent la fille qu'on avait aimée
Comme un fou pendant une nuit
Vous chérissait pour toute la vie
Et nous on essayait aussi...

Elles vous criaient pas dans l'extase
L'enlève pas, chéri, surtout garde la
Va pas me filer le syndrome...
Ainsi va l'amour to day (to die...)


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