François Béranger
ARTICLE SANS SUITE


Vous y croyez vous à l'espoir
Si vous y croyez répondez
Comment ils font ceux qui rigolent
Pour que ça leur reste pas en travers
Est-ce qu'il faut perdre la mémoire
Ne plus entendre ne plus rien voir
Couper les journaux en lanières
Et les mettre au clou des vatères

Pour trouver la sérénité
Est-ce qu'il faut devenir légume
L'esprit léger comme une plume
Se dorer les fesses au soleil
En évitant ce qui fait l'ombre
Les autres les mouvements du monde
En se regardant le nombril
Et se complaire dans l'oubli

Vous y croyez vous à l'espoir
Si vous y croyez répondez
Évitez-nous vos certitudes
Les détenteurs de vérité
Des millions d'hommes dans les goulags
De la Patrie du Socialisme
Qui ne voulaient que liberté
Y passeront leur vie à crever

Les libéraux derrière les mots
Dissimulent les capitaux
Derrière les mots ça pue le fric
Et la volonté de pouvoir
Oubliez-nous les détenteurs
Les asséneurs de vérité
Ceux qui savent me font rire
A nous seriner leurs chansons vides

Vous y croyez vous à l'espoir
Si vous y croyez répondez
Je ne sais pas Je ne sais plus
Je ne sais rien J'ai jamais su
Les petits cancers imaginaires
Qui deviennent vrais et qui prospèrent
Qui finissent par vous bouffer
Alors que tout restait à faire

Si y'a plus d'espoir qu'est-ce qu'on fait
Qu'est-ce qui nous reste Qu'est-ce qu'on va faire
Et quand je dis ça qu'y'a plus d'espoir
Je crois que j'y crois mais j'y crois pas
Ou bien alors si c'est vrai
Que la mort vienne vite fait
Et qu'elle me prenne dans un éclair
Dans un coup de lance fulgurant

On crie des mots
On jette des mots
A qui les veut
Les uns les mangent
Et les digèrent
Pour ce qu'ils sont
Rien que des mots
Les autres les clouent
Sur la table
Et les dissèquent
Et te les renvoient
Dans la gueule
Comme des juges

Je rêve de n'être
Qu'une musique
Une mélodie
Des harmonies
Caresser mes
Touches d'ivoire
Pincer mes cordes
D'or et d'argent
Souffler les anches
De roseau
Des embouchures
Percuter les
Peaux des tambours
Cogner très dur

La musique est
Pour la peau
La musique est
Pour le ventre
Pour le rire
Pour les larmes
On l'aime ou
On ne l'aime pas
Les chasseurs de
La logique
Et tous leurs pièges
S'en reviennent
Cons de chasseurs
La cage vide

On dit des mots
On crie des mots
On jette des mots

Moi vous savez la politique...
Et votre musique qu'est-ce que c'est d'autre?
Tous ces rythmes convulsifs
Tous ces accords déchirés
Tous ces assemblages chaotiques
Ça ressemble à un cri!

Toutes ces années
A s'emmerder
Toutes ces années
Sans profiter

Pourquoi on n'est pas heureux
Avec ce qu'on a dans la tête
Avec ce qu'on a dans le bide
Avec ce qu'on a dans les poches

Et puis la vie passe
Et c'est notre vie
On regarde tout ça
Sans rien comprendre
Les pieds en plomb
La tête vide

T'es là avec tes grands yeux
A attendre le miracle
Tu croyais tenir le rêve
Ce n'est qu'un ballon qui crève

Est-ce qu'on continue
Ou bien on se tue
L'amour toujours
L'amour jamais
On se fait crever
Ça on sait le faire

Perinde ac cadaver
La certitude est la mort
Et la seule question qui vaille
C'est quoi faire en attendant

Rester chez les morts vivants
Ou bien vivre pour passer le temps
Et caresser
Ta peau d'ivoire
Faire chanter la
Corde sensible
Et tenir tes hanches rondes
Visiter tes embouchures
Exploser comme les tambours
Chaque seconde est une vie

Tendresse d'un moment
Caresse de l'autre

Viens mon amour viens vite
Y'a déjà tout qui se barre
Viens mon amour si tu veux
En courant
En ouvrant bien les yeux


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