François Béranger
APRÈS LA BATAILLE


Comme les poissons rouges, le ventre en l'air,
Asphyxiés dans leur étroit bocal
D'un bistrot de province.
Ainsi dit le communiqué
D'après la bataille.

Dans cette guerre entre Vie et Mort
L'issue du combat est incertaine,
Nous mentent les Nouvelles.
La vie exsangue peut encore survivre,
Tripes à l'air et sans grande envie.

Le soleil couchant teinte les viscères vertes et bleues
D'un coulis rougeâtre du plus bel effet.
La Mort sous sa tente est désabusée
Les carnages ne l'amusent plus.
Sur le terrain ravagé, labouré,
Gorgé de sang et de sanies,
Les agonisants stupéfaits
Pleurent leur semence dans des trous
Avant d'en finir.

La Mort ricane un peu sous sa tente
En rangeant ses beaux outils nickelés.
Un mort-vivant la rejoint.
Ils s'endorment les yeux ouverts
Enlacés tendrement.

Ainsi finit le communiqué
Aujourd'hui en direct
De mes premières lignes.
La Vie s'épuise à vouloir vivre
Tripes à l'air et sans grande envie.


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