François Béranger
L'ANCIEN CHEMIN DE FER


Près de l'ancien chemin de fer
Aux rails rouges de rouille
Je vais souvent me souvenir
D'un feu qui brûla des amants
C'est une de ces histoires auxquelles on ne croit pas
Qu'on range en soupirant dans le tiroir des rêves
De ces histoires qu'on chante faute de pouvoir les vivre
Qu'on voit au cinéma ou qu'on lit dans les livres
Sont-ils vraiment morts les amants
Je voudrais tant qu'ils soient vivants

Près de l'ancien chemin de fer
Aux rails rouges de rouille
Les grandes herbes des remblais
Chaque soir les engloutissaient
Les herbes folles des talus sont comme la mer
Le moindre vent lève des vagues qui bercent les amours
Vent et vagues vont et viennent sur le corps des amants
Ils font là de longs voyages qui les laissent pantelants
Sont-ils vraiment morts les amants
Je voudrais tant qu'ils soient vivants

Ton corps est dur et froid et chaud
J'ai faim comme un monde
Et je voudrais
Te serrer te manger te boire
Et me noyer sans cesse en toi

Près de l'ancien chemin de fer
Aux rails rouges de rouille
Je vais souvent me souvenir
D'un feu qui brûla des amants.


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